[TEST] Bloodstained: Ritual of the Night, le nouveau Castlevania ?

Avant de commencer à parler du jeu en lui-même, une petite mise en contexte s’impose. Koji Igarashi (une photo de lui est disponible en dessous du second paragraphe), ce nom ne vous dit peut-être rien, mais il fut responsable d’un bon nombre de Castlevania comme les excellents Castlevania: Aria of Sorrow, Castlevania: Dawn of Sorrow ou encore Castlevania: Order of Ecclesia (si il ne l’a pas été dans Symphony of the Night, il a quand même eu une place en tant qu’assistant-réalisateur et programmeur). Sauf qu’en 2014, notre cher IGA (le pseudonyme de Koji Igarashi) quitte Konami et rejoint Inti Creates l’année suivante pour ainsi lancer un nouveau titre du nom de Bloodstained: Ritual of the Night tout en prononçant ces mots lors d’un trailer : « Les éditeurs du monde entier m’ont dit que les joueurs ne s’intéressent plus à ce style de jeu. Mais je sais qu’ils ont tort ! »

Néanmoins, pour que son jeu voit le jour, il fit un financement participatif sur Kickstarter en demandant pas moins de 500 000$, le succès était au rendez-vous car il récolta pas moins de 5 545 991$, plus de onze fois la somme demandée au départ ! Tout ceci a pu permettre d’ajouter une grande quantité de contenus supplémentaires et qui plus est, de réaliser un autre jeu ne se rapprochant non pas d’un Metroidvania, mais d’un jeu d’action plates-formes comme dans la veine des premiers Castlevania (et en particulier Castlevania III: Dracula’s Curse notamment pour son système de changement de personnage), Bloodstained: Curse of the Moon.


Sauf que voilà, la démo a fortement divisé le public surtout pour la partie technique du titre, jugée comme étant immonde par certains. Fort heureusement, ceci a permis à l’équipe en charge du jeu d’améliorer très fortement les graphismes, comme on peut le voir dans cette vidéo. Bloodstained: Ritual of the Night sort donc après moults reports, le 18 juin 2019. Pétard mouillé comme a pu l’être Mighty No. 9 (reposant lui aussi sur la popularité d’un ancien producteur de jeu) ou nouveau coup de maître ? Voyons ça tout de suite, le test commence maintenant !

Bloodstained: Ritual of the Night, développé donc par ArtPlay et édité par 505 Games, est un Metroidvania avec pour inspirations des titres tel que Symphony of the Night ou Aria of Sorrow. On commence avec un personnage de niveau 1 plutôt faible ne pouvant exécuter que des mouvements très basiques. Il faudra donc fouiller un grand château afin de débloquer de nouvelles aptitudes et ainsi pouvoir s’aventurer dans des zones auparavant inaccessibles, beaucoup d’ennemis essayeront de vous barrer la route, les affronter sera donc une nécessité pour ne pas finir sur un Game Over si la barre de vie atteint les 0, et pouvoir gagner en niveau grâce à un système d’expérience, ce qui aura pour effet d’améliorer nos statistiques, donnant donc un aspect RPG à ces jeux.


Même si le scénario est plutôt anecdotique, une petite mise en abîme n’est jamais trop de refus. L’histoire nous conte que la Guilde d’alchimie, craignant la Révolution Industrielle amenant donc la montée de l’industrialisme et d’être abandonnée par ses riches clients. Les alchimistes eurent donc l’idée de créer des Cristalliseurs, des humains avec un cristal transplanté qui les connectait à un pouvoir démoniaque pour ensuite les sacrifier et ouvrir les portes du monde aux démons. Seulement deux personnes survécurent, Gebel dont le rite ne le tua pas et Miriam qui tomba dans un profond sommeil avant que le sacrifice commence. Dix années passèrent, les démons sont de retour tandis qu’un imposant château fait son apparition. Miriam se réveilla et partit avec un alchimiste du nom de Johannes dans ce château en apprenant que Gebel est l’architecte de ce nouveau rituel de sang. Tout ce prologue nous est raconté à travers un narrateur et des dessins avec un style « parchemin », rendant l’explication très sympathique à suivre. Il est donc temps de se rendre à bonne destination en galion.

FAN SERVICE, JUSQU’AU BOUT !

Un fan des épisodes 2D de IGA ne sera pas du tout dépaysé par Bloodstained: Ritual of the Night. On a affaire à un jeu de plates-formes en 2D (avec des graphismes en 3D) où on peut sauter et attaquer les démons. On obtiendra très rapidement des fragments qui sont lâchés au petit bonheur la chance par les ennemis tués (ou à force de les farmer, ça marche aussi), ces fragments, utilisables en échange d’un nombre variable de points de mana pourront être équipés par Miriam et sont disponibles en différents coloris, selon les types. Les rouges (Action) qui permettent à l’aide d’une simple pression de bouton de balancer le pouvoir équipé. Les bleus (Effet) qui en maintenant un autre bouton utilise le fragment de manière continue. Les violets (Direction) utilisables en orientant la main de Miriam, ce qui octroie la possibilité de lancer un pouvoir dans toutes les directions possibles. Les jaunes (Enchantement) dont l’effet est toujours actif, pas besoin d’appuyer sur quoi que ce soit et celui-ci ne consomme pas de mana. Les verts (Familier) qui comme son nom l’indique, invoque un familier pour nous aider dans notre progression, et tout comme les fragments jaunes, ceux-ci ne requièrent pas de mana pour fonctionner. Et enfin, les gris sont permanents et ne demandent pas à être équipés.

Votre cerveau a probablement surchauffé en voyant toutes les possibilités de varier le gameplay avec les fragments à s’équiper. Alors si en plus de ça on ajoute le fait qu’on peut les améliorer de deux manières différentes, soit en cumulant les mêmes fragments pour en augmenter l’efficacité ou encore en récoltant certains matériaux et de demander à Johannes de les optimiser. Il y a de quoi passer du temps dans les menus du jeu pour trouver les meilleures combinaisons possibles de pouvoirs. Cette mécanique est directement reprise des opus Aria of Sorrow et Dawn of Sorrow, tout en étant bien plus complexifiée.

Miriam n’a pas uniquement des fragments à s’équiper, mais elle peut aussi avoir accès à tout un tas d’équipements, permettant de changer les façons de traverser les divers dangers du château. Et là, on est servi. Dagues, lances, épées, katanas, armes à feu et j’en passe. La façon de jouer diffère une fois encore selon l’arme choisie, par exemple si celle-ci est légère, notre héroïne la dégainera immédiatement pour faire des dégâts rapides, mais faibles, et vice-versa si celle-ci est lourde. Il y a beaucoup de paramètres à prendre en compte comme la zone d’attaque pouvant s’avérer plus ou moins longue et même des combinaisons de touches à effectuer pour utiliser une technique spécifique à une arme. C’est un système qu’on trouve une fois encore dans Castlevania: Symphony of the Night (qui empruntait tout ceci aux jeux de combat).

Vous l’auriez compris, Bloodstained: Ritual of the Night est extrêmement complet, que ce soit dans les objets à obtenir, les salles secrètes, le bestiaire du jeu (plus de 120 démons différents à vaincre !). Koji nous a bien gâté et n’a pas menti sur le fait qu’il serait bien plus “gros” que Symphony of the Night, il y a tellement de choses à faire que les 40 euros sont bien investis, surtout pour le joueur qui voudra tout découvrir et réaliser un 100%.

UN DÎNER PRESQUE PARFAIT

Johannes et Dominique juste après le prologue permettront d’améliorer plus d’une chose, les fragments (comme dit précédemment), s’acheter un meilleur équipement, créer de nouveaux objets et aussi, réaliser des recettes inédites, d’ailleurs, ne sous-estimez pas les plats que vous préparez car à chaque fois que vous mangez un nouveau mets que vous n’avez jamais goûté auparavant, vos statistiques augmenteront de manière permanente. D’autres personnages seront aussi présents pour donner des quêtes secondaires très très banales du type “Tuez 8 loups de la Lune de la Mort” ou “Ramenez-moi une galette des Rois”, ça ne vole pas plus haut que les premières quêtes de World of Warcraft. D’ailleurs en parlant de ceux qui donnent des quêtes, déjà qu’il n’y a pas beaucoup de personnages dans le jeu, ils ne sont pas du tout développés. Même si ce n’est pas le but principal de Bloodstained: Ritual of the Night, c’est fort dommage de n’avoir aucun background pour une grande majorité du monde.


Du côté des boss, on est plutôt mitigé. Si certains demandent un minimum de stratégie afin d’être vaincu, pour d’autres on peut tout simplement bourriner et ça passe sans aucun souci, et ceci même si on ne s’attarde pas trop sur des activités annexes pouvant s’avérer pratique non seulement pour se voir récompenser d’objets pratiques mais pour augmenter ses statistiques via le système d’expérience en tuant des monstres en tous genre. Tant qu’on y est, parlons de la difficulté qui est au final un critère plutôt compliqué à noter puisque tout dépendra de la façon dont vous jouez. Si on va vraiment lentement, qu’on fait le plus de quêtes possible, tue de manière répétée les mêmes monstres afin d’obtenir matériaux, fragments et points d’expérience (ce qui s’apparente à du farming) ou encore en cuisinant de nouveaux bons petits plats, la difficulté de Bloodstained: Ritual of the Night sera plutôt facile et vous ne verrez pas l’écran de Game Over souvent. Mais si vous foncez à vive allure à travers le château, vous vous doutez bien que le manque de préparation se retournera contre vous. A noter la présence d’un mode Difficile et Cauchemar, le premier boostant de manière sévère les dommages reçus (vous pouvez en début du jeu facilement mourir en seulement 3-4 coups) et modifiant l’emplacement de plusieurs ennemis, tout en rendant leurs attaques plus difficiles à esquiver. Et enfin le deuxième, Cauchemar, accentue encore tous les changements qu’on a précédemment cité en bloquant Miriam au niveau 1, aucun moyen de récolter de l’expérience ce qui rend le tout extrêmement difficile (rien que la première partie du jeu vous montrera l’écran de fin de partie plus d’une fois).

LE PREMIER BATEAU QUI RESTE SEC MÊME QUAND IL PLEUT !

Passons par un point qui va vraiment fâcher, la comparaison entre les graphismes sur d’autres supports et sur Switch. Si la direction artistique reste très plaisante et que le style gothique fidèle aux Castlevania qu’on retrouve dans ce Bloodstained est présent. La puissance faiblarde de la Switch par rapport à sa concurrente ne peut pas excuser des concessions graphiques aussi flagrantes, des temps de chargement d’une longueur relativement insupportable, un framerate chancelant et même des plantages qui peuvent survenir de temps à autre (joueurs Switch, sauvegardez souvent !). Heureusement l’équipe travaillant sur le jeu fait des mises à jour régulières pour corriger ces problèmes, une partie des soucis d’optimisation que j’ai cité a été gommée. Mais le mal est fait surtout que l’optimisation n’est pas encore complète et qu’il faudra encore attendre quelque temps pour qu’on n’ait plus grand-chose à redire de cette version au rabais. Mille mots n’auront pas la même valeur qu’une vidéo comparant deux versions (celle-ci entre la Switch et le PC en « Low », une semaine après la sortie du jeu) où on peut néanmoins se réconforter de se dire que le galion sur Switch reste totalement sec, vous ne risquerez pas de glisser dessus.

Sinon en dehors de ces problèmes, on ne peut pas nier certaines textures simplistes et baveuses et avec des effets de destruction (par exemple quand on brise un mur destructible) plutôt ratés. Néanmoins l’incrustation de divers portraits représentant les plus gros backers (ceux qui ont participé au financement de Bloodstained) reste plutôt bien amenée, un joli cadeau de remerciement de la part de ceux qui ont permis au titre d’exister. Un excellent point s’avère être la variété des environnements à parcourir, vous visiterez un galion, un jardin, un lieu à thème oriental ou encore dans un désert souterrain, on est surpris par l’originalité de ces lieux là vu que notre progression se passe dans un château et où on ne se serait pas attendu à voir certaines zones.

On ne pouvait pas finir sans vous parler des animations du jeu qui oscillent entre le correct et le ridicule. Si on n’a pas vraiment moults reproches à annoncer pour le bestiaire et que quelques boss sont franchement classes (en particulier Bloodless). Les phases de dialogue montrent des animations faciales plutôt hideuses. Et on garde en tête aussi les rares fois où on voit Johannes courir qui sont à mourir de rire (et pour des mauvaises raisons).

MICHIRU YAMANE GARDE SON TALENT !

La bande-son a été réalisée par Michiru Yamane, la compositrice de beaucoup de Castlevania, dont celle de Symphony of the Night qui est restée dans les mémoires de plus d’un, voici une de ses plus belles compositions mais aussi de Keisuke Ito, Ryusuke Fujioka, Ippo Yamada et Atsuhiro Ishizuna. N’allons pas vers quatre chemins, la bande-son est très réussie et chaque zone du jeu se voit affublée d’une musique accompagnant très bien celle-ci. On pourra peut-être critiquer le manque de thème restant dans les mémoires, même si on se souviendra très bien de Silent Howling ou encore Voyage of Promise. En plus de toutes ces musiques, on a le droit à un passage qu’il serait dommage de spoiler où vous pourrez écouter de somptueuses musiques en 8-bits !

Nous avons le droit à du doublage anglais et japonais. Sans trop de suspens il s’avère que les voix japonaises sont les plus réussies sans être transcendantes. Je déplore quand même que les cris de Miriam lors des combats sont au départ légèrement agaçants, mais on finit par s’y habituer. Petite fun fact à savoir, un des personnages présents dans le jeu, quelle que soit la langue choisie, a été doublée par ceux qui ont fait la voix d’Alucard, l’héros de Castlevania: Symphony of the Night. Preuve encore que le fan-service est extrêmement important dans Bloodstained

AH OUI POUR UN CHÂTEAU, IL EST GRAND

Comme on peut le voir dans le Kickstarter du successeur spirituel de Castlevania, la contrepartie à 2 750 000$ est « le plus grand château d’IGA », vrai ou faux ? La réponse est bien évidemment « vrai ». Il faut environ une vingtaine d’heures pour voir la fin du jeu et vous pouvez en rajouter une dizaine en plus afin d’accomplir le titre de fond en large. Nous avons donc droit à un très long Metroidvania et si vous aimez absolument tout faire, pourquoi ne pas rajouter l’objectif d’améliorer tous vos fragments et d’atteindre le niveau 99 pour Miriam ? Du contenu additionnel, comme deux nouveaux personnages seront prévus pour plus tard. Tout ceci garantit une expérience longue en compagnie de notre chère héroïne.


VERSION PC & PS4 & XBOX ONE : 17/20
VERSION SWITCH : 15/20

RÉSUMÉ

Vous vous rappelez de la citation de Koji Igarashi que j’ai cité en début de test ? Il semblerait qu’il ait totalement raison, les joueurs s’intéressent encore à ce style de jeu et que notre cher IGA prouve de nouveau son talent avec ce Bloodstained: Ritual of the Night. En reprenant le gameplay de Symphony of the Night et des opus Game Boy Advance et Nintendo DS en le perfectionnant, on est arrivé à un excellent Metroidvania, qui souffre néanmoins d’une version techniquement vraiment médiocre sur Switch qui fort heureusement au fil du temps, s’améliore grâce à diverses mises à jour.

ARTICLE PUBLIE A LA BASE SUR NINTENDO-UNIVERS, MAIS QUE J'AI QUITTE POUR DES RAISONS TRES PERTINENTES